Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Patricia DELATTRE - Psychologue

Psychologue clinicienne pour enfants, adolescents et adultes - Cabinet : 18 rue Creton 80000 AMIENS - Tél. : 06.34.23.89.18 - Mail : patricia.delattre@yahoo.fr

Maladresse, gribouillage et création

Maladresse, gribouillage et création

La maladresse quand elle se répète, fatigue aussi bien l’enfant que ses parents. Elle casse le moral après de nombreux efforts pour apprendre un geste, si évident pour les autres et fait de douter de soi quand on échoue à le rendre automatique. Se prendre la tête encore et encore pour faire ses lacets, se servir un verre d’eau, se brosser les dents… Difficile de dire simplement qu’ils vont apprendre la patience, qu'il y a une beauté cachée derrière le geste lent, malhabile, les verres renversés, l’écriture laborieuse, la recopie du tableau à la copie avec de nombreuses erreurs…

Parfois la mauvaise coordination motrice, ou œil-main, ou bien encore visuo-spatiale, perturbe le calcul mental… les chiffres se mélangent dans l’espace… La consigne elle-même peut ne pas être comprise en entier… La fin de journée se termine par plus de devoirs, plus de fatigue, une crise de nerf pour maman, se sentent impuissante, se soulageant de ce fait malencontreusement des tracas de sa journée de travail, retentit sur la relation de couple…. La fin de journée est gâchée, la tension monte et finira immanquablement par une crise de décharge tonico-émotionnelle de l’enfant lui-même, à bout, las d’être celui qui dérange et de porter sur lui les stigmates d’autres membres de la famille…

La dyspraxie, la dyspraxie visuo-spatiale entrave le développement de l’enfant dans ses apprentissages scolaires mais impacte surtout son autonomie. L’enfant est perçu par sa famille et ses enseignants comme rêveur, lent, ou trop agité, en tout cas pas concerné, pas investi, pas motivé…

Alors, pour que cette atypie neurodéveloppementale ne crée pas de dépendance, pour briser la spirale de la dévalorisation de soi, pour que l’enfant ne projette pas inconsciemment des intentions hostiles sur ses camarades et adultes qui le prennent en charge… qu’il ou qu’on ne lui ajoute pas un autre trouble comme l’agitation, le « mauvais caractère », qu’il ne se replie par sur lui au risque de taire ses autres dons… Il est temps de faire un bilan psychologique…

L’enfant doit restaurer son blason et dès le premier entretien on veillera à se connecter à ce qu’il est vraiment, ce qui le passionne dans la vie, lui donner un moyen de s’exprimer spontanément, par le jeu, le dessin à thème, comme celui du gribouillage d’abord pour le laisser se décharger de trop d’éprouvés, de ressentis négatifs… On l’aidera à mettre en mot, en fonction de son âge, de trouver un accès à la pensée symbolique… par le corps, les sens, la musique, le rythme, les couleurs, l’agencement dans l’espace des objets du quotidien, faciliter le rangement, soigner le paraître, prendre plaisir à se faire beau, l’initier au calendrier le plus tôt possible, à la technique du kanban (voir un de mes ateliers d’écopsychologie)… Pour qu’il intègre les notions de planification, d’anticipation pour réaliser une action… pour qu’il soit acteur dans sa vie et non enfant passif dépendant… L’enfant dyspraxique n’est pas si buté, si rêveur, il fuit le contact, les conseils, pour protéger une estime de soi blessée… Il est nécessaire de valoriser ce qu’il entreprend, de manière juste, sans flatterie, étape par étape, en augmentant graduellement les difficultés, et de les noter au sein d’un cahier à progrès ou en accumulant les petits billets dans un pot en verre… Visualiser ce qu’il a réussit à accomplir, ce qui dans les yeux de ses parents le rend fier de lui. Visualiser les efforts motive à en fournir d’autres et à écouter les conseils méthodologiques, l’expérience des aînés.

L’enfant dyspraxique sera bien entendu orienté vers d’autres intervenants, psychomotriciens, posturologues, podologues, orthophonistes et ostéopathes, ophtalmologues bien sur régulièrement… car la mauvaise coordination motrice, qu’elle soit discrète, dite de surface, ou bien repérée dans pratiquement tous les gestes du quotidien (habillage, passer une porte sans se taper dans la chambranle, apprendre à lire à écrire, etc…) nécessite qu’on travaille le tonus musculaire, pas forcément celui qui fait qu’on peut porter des objets, mais les muscles profonds, qui sont reliés à la proprioception, notre sens du mouvement… liés à la vue, aux oreilles, au système vestibulaire… le fonctionnement de notre corps est comme horlogerie d’art, on doit tout vérifier…

Du coup, vous comprendrez que cela donne encore du travail aux parents, prendre des RV avec le médecin traitant et coordonner tous les autres… avec un emploi du temps déjà bien chargé. Les parents profiteront pour amener un livre et se blottir avec leur loulou dans la salle d’attente pour un moment privilégié plein de douceur et de tendresse, rituel qu’on retrouvera le soir au coucher mais aussi dans des jeux d'éveil à la piscine, les soins avec les animaux, le contact avec la nature, le jardinage… On invitera les parents à être optimaliste, à penser le temps comme une notion indissociable de leurs besoins, de leurs responsabilités… Courir après le temps c’est se mettre une pression que l’enfant ressent au fond de lui, c’est donc le délester d’une partie de sa maladresse que de lui fournir un cadre serein, joyeux, organisé…

Le psychologue veillera à entendre les difficultés et canaliser la plainte pour que l’enfant soit vu aussi et d’abord comme un enfant intelligent avec ses forces, ses qualités. Car derrière ces problèmes de maladresse au quotidien, l’enfant montre souvent une grande intelligence à construire, imaginer des plans pour créer, et aussi une grande empathie et sensibilité qu’il voudrait bien mettre au service d’autrui, et il lui tarde de pouvoir le faire… Il ne doit donc pas être découragé, ni privé de cet espace/temps de jeu seul, ou à côté de ceux qu’il aime, pour bricoler avec deux bouts de papier et du scotch une coupelle pour les gâteaux apéro, par exemple. Il doit avoir du temps à lui pour ce que nous adultes pensons à tort être des futilités… C’est par le rêve, le jeu et la créativité au service des autres que l’âme agit pour étoffer l’identité…

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :